Entre la Tour-Varan et le Corbusier : ALBERT BOISSIER

  
        Nous croyons utile de rappeler les efforts prodigués par nos soins pour faire connaître l'oeuvre d'Albert Boissier (1878-1953) à travers, notamment, la publication de l'ensemble des notes contenues dans les différents carnets tenus au jour le jour par l'écrivain de Firminy entre 1910 et 1953.  En effet, dans un article paru le 20 août 2012 dans le journal "La Tribune - Le Progrès", Jean Vigouroux, Président de la Société d'Histoire de Firminy, trouve le moyen de consacrer un article à "De précieux carnets" sans faire la moindre allusion à nos publications.
        Cette attitude qui frise la malhonnêteté intellectuelle peut surprendre venant d'un homme -successivement instituteur et directeur d'école- censé avoir enseigné "l'humanité en l'homme" (pour reprendre la plus belle définition du métier d'instituteur) mais elle ne nous étonne pas s'il est vrai que nous aurions envie -à la lumière de nos propres expériences- d'écrire un "livre noir" sur les associations. En effet, à côté du concert de louanges -souvent mérité- que l'on adresse à ces organismes dénués de but lucratif, il faut également citer de nombreux cas  où  la vanité,  l'amour-propre et la jalousie se parent de la belle expression "défense du patrimoine".
        Mais laissons là ces amers propos pour en venir au "noeud du débat" qui concerne ALBERT BOISSIER, l'écrivain appelou (de Firminy) qui nous "détourna" si souvent de notre incessante quête "d'objets du terroir" dans la mesure où bien des préoccupations de l'écrivain rejoignaient notre "défense et promotion" de l'art populaire.
        Albert Boissier fils -le « Bab »- fit partie de la première équipe qui -dans le sillage de Bernard Besson- sauva le château des Bruneaux d’une démolition -sinon programmée- sans doute préinscrite à l’inventaire du martyrologe des antiquités. A ce titre, Albert Boissier fils participa de l’hommage rendu à son père dans ce même château (cf. ouverture de la « Bibliothèque Albert Boissier ») suivi, en janvier 1972, par l’inauguration en grandes pompes de la rue Albert Boissier. Toutefois, à ce moment, l’œuvre de l’historien de la ville (constituée essentiellement d’articles parus dans des revues régionales) restait très confidentielle en dépit du rôle précédemment joué par plusieurs admirateurs de l’écrivain -comme les journalistes Jean Bourgin ou Gabriel Rolle- qui s’employaient à la faire connaître.


Publication des carnets d’Albert Boissier

  
         En 1989, Albert Boissier fils nous confia la part la plus importante des notes manuscrites de son père encore à sa disposition. Nous avons dit combien ces notes « sur le vif » correspondaient à notre « culte de l’objet « dans son jus ». Ces notes étaient essentiellement rédigées sur 6 carnets chronologiques et 2 petits carnets thématiques auxquels s’ajoutaient de nombreuses feuilles volantes et divers documents que nous détaillerons dans la partie « Annexes ». 
         Nous avions alors prévu -à partir de lectures réitérées des carnets mis à notre disposition- la publication de 5 ouvrages pour rendre compte de l’ensemble de ces notes. Les quatre premiers tomes ont fait l’objet d’une parution aux dates indiquées entre parenthèses tandis que, dans notre esprit, le dernier ouvrage devait constituer deux parties interdépendantes :
                    I-    Croyances et traditions dans la région de Firminy (1990) : 281 pages (dont 120 pages de "Notes")
                   II-    Les travaux et les jours (1992) : 230  pages (dont 88 pages d'"Annexes thématiques")
                  III-    Chroniques historiées de Firminy et de sa région (1995) : 161 pages
                  IV-    Ephémérides appelouses (1997) : 150 pages)
                 V1-   Le parler populaire de la région de Firminy
                 V2-   Le langage patois de la région de Firminy
          De manière à reproduire de la manière la plus exacte ces notes, nous avions choisi de publier « intégralement » les textes en appliquant la règle de non-omission (au risque de reprendre les mêmes informations) et avec « intégrité » (en maintenant les textes dans leur état originel avec les erreurs et les inachèvements éventuels). 
           Les notes des carnets présentaient une grande diversité (les unes se résumaient à une ou deux lignes ; les autres comportaient plusieurs pages) et une hétérogénéité de fond (certaines notes abordant plusieurs thèmes). En conséquence, renonçant à la numérotation d’Albert Boissier, nous avons substitué l’ordre du « fragment » à la chronologie de la « note » en conservant seulement « indivis » les notes homogènes et en divisant les autres en autant de parties qu’elles incluaient de thèmes. De manière à donner au lecteur les clefs de notre travail de classification -tout en lui permettant de situer dans le temps les notes d’Albert Boissier- nous avons systématiquement précisé -en exergue- le titre et le numéro de la note auquel chaque fragment renvoyait.
         Il va sans dire que nous avons été confronté, en permanence, au problème des interférences. Ainsi, des très nombreux fragments patois qui ont été intégrés à l’une ou l’autre des précédentes publications et qui -de manière générale- ne sont pas reprises par Jean-Yves Rideau. Néanmoins, la partie « Annexes » renvoie à ces extraits non exploités. 
       Les lecteurs particulièrement intéressés par les travaux d’Albert Boissier se reporteront aux « notes préliminaires » données dans les précédents ouvrages qui précisent l’esprit (transcription de témoignages pris sur le vif et observations de l’auteur) ; le caractère (numérotation, datation, localisation et attribution des notes) et la morphologie (brèves notations ou analyses substantielles abordant une ou plusieurs thématiques) des différents carnets.
      Ces mêmes notes préliminaires rendent compte du parti pris de notre classement et de notre volonté de publier l’intégralité des notes dans la mesure où les apparentes redondances ne sont nullement dénuées d’intérêt en confirmant, par exemple, la « prégnance » -à défaut de la  « vérité »- d’un témoignage antérieur.
      Le titre générique -« Carnets d’un folkloriste »- de ces différents ouvrages peut susciter des interrogations dans la mesure où Albert Boissier est essentiellement considéré comme un historien local. C’est à ce titre d’ailleurs que Jean Vigouroux pointe les erreurs d’Albert Boissier à partir de dépouillements archivistiques. A vrai dire, Albert Boissier perpétue l’ancienne lignée des auteurs « polygraphes » qui exerçaient leurs talents dans des domaines variés.  Ainsi, on a tour à tour présenté Albert Boissier comme un historien ; un archiviste (cf. en particulier le dossier J 7 1 des ADL) ; un archéologue (cf. « fouilles » à Essalois) ; un « patoisant » ; un photographe (plus de 600 photos déposées à la Société d’Histoire de Firminy et sans doute tout autant aux ADL) ; un poète ; un musicien (membre de l’Union Musicale de Firminy) ; un folkloriste ; un adepte de l’« esperanto », voire un amateur de théâtre qui participait aux répétitions du « Groupe Artistique de Firminy »  et qui ne répugnait pas à jouer le rôle du « Prieur » à l’occasion des reconstitutions historiques. Dans le catalogue Le petit monde de M. Boissier (s. d.), nous avons présenté un Albert Boissier collectionneur (cf. musée personnel de l’écrivain présentant, en particulier, de nombreuses pièces de « fouilles » dans sa petite maison du Pochet) tandis que nous n’avons pas mené à bien l’inventaire (annoncé dans Croyances et traditions dans la région de Firminy) des poésies composées par Albert Boissier (voir Annexes).
         Sans préjuger à la fois des qualités d’historien d’Albert Boissier et sans ignorer le bien fondé des critiques dont ses travaux font souvent l’objet, nous considérons sa démarche « historienne » comme un  « moderne » prolongement des Chroniques des Châteaux et Abbayes (1854-1857) de La Tour-Varan. Il faut lire l’article de « La Région Illustrée » (Pâques 1932) dans lequel Albert Boissier -tout en répondant aux critiques dont les « Châteaux et Abbayes » avaient fait l’objet dès leur parution (cf. article d’Auguste Bernard in « Le Mémorial » du 31 janvier 1856)- rend hommage à Antoine de La Tour-Varan. En effet, « L’enfant de Firminy » -comme l’appelle Albert Boissier- pour n’avoir pas résisté à « son goût du pittoresque », a réussi à faire du « Quentin Durwart » de bon aloi. 
       En d’autres termes, c’est-à-dire, au-delà des vérités et les erreurs qu’elles renferment, les « Chroniques » constituent des « romans historiques » à la Walter Scott dont « l’écriture imagée » (formule de Jean-Baptiste Galley qui succéda à La Tour-Varan en tant que Conservateur de la Bibliothèque de Saint-Etienne) et le romanesque de l’imaginaire sont autrement plus aptes à « meubler » nos longues veillées d’hiver que les sous-produits commerciaux imposés aujourd’hui par une tapageuse publicité.
        Les différents « Carnets » -essentiellement rédigés à partir des témoignages des « anciens »- exagéraient le caractère profondément « populaire » de tout un pan de l’œuvre d’Albert Boissier que nous avons eu -au-delà des contributions purement « historiques » de l’auteur- l’outrecuidance de privilégier en toute bonne conscience. Par ailleurs, ayant appris à nous méfier (sans négliger son caractère hautement  nécessaire) des dérives du parti-pris « technologisant » (qui finit par unir la formule « si tous les gars du monde » dans l’« internationalisme » prolétarien et le « « mondialisme » financier), nous avons réintroduit -de manière intempestive-le sens originel et tout à fait désuet du mot « folk-lore ». 
           La partie la plus méconnue et la plus confidentielle du travail d’Albert Boissier nous apparaissait comme le prototype de l’œuvre du véritable « folkloriste », c’est-à-dire de l’écrivain s’efforçant de décrypter le « savoir du peuple » -ce que Nanette Lévèque appelait des « sornettes »- et de féconder ses « erreurs ». Dans cette perspective, la « substantifique moelle » des « carnets » rejoignait nos propres préoccupations et -au-delà des billevesées des folkloristes du terroir- la « noble querelle » que nous entretenions avec van Gennep ainsi que la distance que nous ne cessions de prendre avec les auteurs « scientifiques » coupables, à nos yeux, de mettre les « leçons » du vieux « fond submergé » aux couleurs du jour et -bien involontairement mais sournoisement- de servir les idéologies dominantes.
      Néanmoins, Marie-Louise Ténèze a excellemment distingué le thème du « merveilleux populaire » de celui du « merveilleux tout court » en explicitant le thème de la « fortune » dont elle dit -de manière à la fois convaincante et symbolique- qu’il « court comme un fil rouge » à travers le répertoire de Nanette Lévèque. Ce faisant, Marie-Louise Ténèze propose une pertinente approche de la « bonne fortune » (qui n’est rien d’autre, entendue au sens populaire, qu’une relative et prosaïque satisfaction des besoins primaires les plus élémentaires) profondément enracinée dans le « légendaire chrétien » et les « croyances magiques ».
       Avant de montrer que les « sornettes » de Nanette Lévèque intègrent la nouveauté sans remettre en cause les « fondements de la vie » de la narratrice, Marie-Louise Ténèze encense  -avec raison- la charge émotive du répertoire de la conteuse au détriment (sans doute par l’habituelle et coupable volonté -à laquelle sacrifient les « technologues »- de « moderniser » toute affaire cessante les leçons du répertoire populaire) du « vieux » thème de la « survivance », d’« un passé lointain, effacé de la mémoire collective qui détiendrait la clef du sens » auquel voulaient croire Pierre Saintyves et Vladimir Propp.
      Or, ces « survivances » qui correspondent en partie à notre « fond submergé » -dont un auteur de premier plan comme Pierre Bonnaud a compris toute l’importance- ne sont nullement indifférentes à la « tradition vive ». Dans Le Musée des Campagnes, nous avons reproché à Marie-Louise Ténèze -tellement sensible, par ailleurs, à la circulation des hommes »- d’avoir banalisé le thème des « bottes de sept lieues » en considérant ces chausses extravagantes comme un thème bourgeois (introduit par Perrault) donc nécessairement « adjonctif, superflu », et partant, bien incapable de « parler » à l’imagination des indigènes du « mal pays » comme si le « peuple » n’avait pas constamment « faghocitté » la part de la « culture bourgeoise » qu’il était en état de recevoir !.
       Les « charges émotionnelles » évoquées par Arthur Soërensen ou les « affects » dont parle Uriel Weinrech illustrent la fonction émotive propre à toute langue. Ils correspondent à ces « franges » de mots partagés par un groupe linguistique, c’est-à-dire à des significations que seuls peuvent comprendre les membres d’une communauté linguistique soudée par une culture commune et une expérience solidaire propices à l’émergence de formes stylisées exprimant -par le biais de ce que nous avons appelé une « trinité baroque »- des rites  familiers  (cf. Naissance d’une Odyssée, p. 222).
      Les différentes versions d’un conte dûment répertorié permettent de décliner les variantes locales mais sans mettre vraiment à jour -à défaut d’analyses spécifiques- les particularismes locaux et les tensions évènementielles du moment qui conduisent, par exemple, le « Moitié de Coq » vellave à porter sous son aile la rivière appelée « Ance » (voir Le Musée des Campagnes, p. 742).
      Certaines chansons fonctionnent de cette manière. Ainsi, « La chanson de la réquisition » (Ms 6834, fos 232-233), retranscrite par Victor Smith à Fraisses, en 1867, auprès de « Grangeasse », se termine ainsi : « Nous n’irons de village En village, Paris beauté, Paris beauté ». Georges Delarue observe en note : Smith a bien écrit « Paris beauté », pour ma part j’interprète « Pour riboter ». On peut penser -en fonction des « franges de mots » évoquées plus haut- que ce « Paris beauté » (structuralement pertinent au regard de l’esprit de la chanson) recelait -en se substituant, tout en l’incluant, à « Pour riboter »- une « connivence » et un « clin d’œil » propres au « groupe » en question. Bref, qu’il contenait une « charge émotionnelle » infiniment plus grande que la trop « passe-partout » formule correspondante.


Réflexions sur la publication des carnets d’Albert Boissier

  
        Quelque vingt ans plus tard, nous sommes à même de faire la part des choses. En effet, sans parler de la maladresse de la forme, nous étions, en 1989, parfaitement conscient que ces ouvrages venaient trop tard en indiquant expressément que la ville ne manquerait pas de trouver dans Le Corbusier -en transformant un échec « urbanistique » en triomphe « muséal »- la gloire de bon aloi susceptible d’enchanter (conditionnement médiatique aidant) les inévitables nouveaux « bobos » de la ville. Nous avions ajouté, dans le premier volume, une seconde partie qui, d’une part, s’efforçait d’éclairer les propos rapportés par Albert Boissier et qui, d’autre part, renouvelait -soixante ans plus tard et auprès des descendants à la troisième génération- les enquêtes de l’écrivain appelou.
      En dépit de l’indéniable succès de ce premier ouvrage (qui donna lieu à un second tirage) mais en fonction également de la nature de la publication suivante intitulée « Les travaux et les jours », la seconde partie de ce deuxième volume prenait un caractère thématique qui nous permettait d’aborder des thèmes traités par Albert Boissier dans d’autres textes (cf. anciens chemins et ponts suspendus du Pertuiset ; moulins régionaux ; anciennes écoles, etc.). Par ailleurs, certains chapitres développaient des sujets seulement coudoyés par Albert Boissier (cf. batellerie sur la Loire ; fabrication des pantoufles à Firminy ; étirage des fleurets à Cotatay, etc.). Enfin, le recours à différents écrivains régionaux permettait de citer d’anciens articles parus : 1) dans la presse locale (cf. Jean Vial ou Gabriel Crépet). 2) dans des revues régionales (cf. articles d’Albert Boissier fils in « Hier & Aujourd’hui ») ou extraits 3) d’anciennes et inédites monographies (cf. Monographie communale de l’instituteur de Fraisses Gazot ou Monographie d’Unieux du secrétaire de mairie Bachelard). 
       Néanmoins, si c’était à refaire -et pour des raisons de logique interne- nous renoncerions aux additifs thématiques en poursuivant dans la logique des annexes en forme de « notes » du premier volume. En ce sens et s’il est vrai que la détection du « savoir populaire » (« savoir » très particulier qui relève davantage d’une forme de « dramatisation » de nature « esthétique » que de la connaissance proprement dite) implique un éclairage adéquat (d’ailleurs souvent de nature archivistique), nous admettons le bien fondé des critiques de Jean Vigouroux qui nous reprochait d’avoir retranscrit « des faits relatés par A.B. entachés d’erreur » sans apporter les rectifications nécessaires comme nous l’avions fait dans le premier volume (courrier du 28/01/1996).
       Le troisième volume parut en 1995 sans les « annexes » (notes explicatives ou thématiques) auxquelles nous avions habitué nos lecteurs. En effet, ayant renoncé à faire -comme on disait jadis- de la « réclame » (très nombreux articles de presse ; diffusion d’affichettes ; conférences et expositions), notre lectorat s’était amenuisé et cela d’autant plus que les rangs s’éclaircissaient parmi nos plus anciens lecteurs. Nous ne manquions pas de souligner, dans les notes préliminaires, le caractère fâcheux de cette lacune qui permettait aux adeptes de la « méthode documentaliste » de tirer à boulets rouges sur Albert Boissier.  
       Ainsi, Jean Vigouroux (présentement en charge du « Fonds Boissier » en tant que président de la Société d’Histoire de Firminy), éprouvait un malin plaisir à rectifier les « erreurs » d’Albert Boissier à  la « lumière » de documents archivistiques. Dans une brève postface du 4e volume -qui s’inscrivait dans ce que nous avions précédemment analysé à propos du « folklore » des « Vidales » in Histoire de l’Industrie du clou- nous avons voulu montrer que ces erreurs -prenant tout leur sens dans le cadre d’une « dramaturgie » propre à l’expression de la « mythologie » populaire- mettaient en évidence une forme  particulière de ce que l’on a appelé le « génie populaire ». Néanmoins, cet ouvrage nous permettait -par exemple dans le précieux chapitre « Les pagnots et figures locales »- de citer in extenso des articles (découpés et collés par Albert Boissier sur le « Carnet E ») publiés dans le journal « L’Espoir » par Johannès ou, à une époque plus récente, par Gabriel Crépet qui signait -sous le prénom « Louis », vers 1946-1947- des éditoriaux intitulés « De ma Fenêtre » dans le journal « Le Patriote » (voir ouvrage postume De ma Fenètre …, 1988).
     La publication des Ephémérides Appelouses s’inscrivait dans notre volonté de rendre compte de l’ensemble des notes prises par Albert Boissier. Toutefois, ces notes -plus récentes- fonctionnaient comme un journal tandis qu’au soir de sa vie, l’écrivain de Firminy s’employait davantage, dans les derniers carnets, à « collationner » de très nombreux articles de presse qu’à interroger des témoins. Au moment de la composition de ce fascicule, nous décidâmes de présenter seulement les articles les plus significatifs, témoignant de l’état d’esprit et des opinions de l’auteur, c’est-à-dire d’un homme profondément social, dénoncé à la Préfecture pour ses « idées subversives » et qui comprenait si bien -comme il le dit- « le traditionalisme à (ma) façon ». Avec le recul, nous renoncerions à cet ouvrage en intégrant 1) les plaisantes notes météorologiques (cf. article « Les saisons d’autrefois » dans lequel Albert Boissier montre à partir du « Cadastre et compoix de La Tout Maubourg faict en l’année 1636 » que l’irrégularité des saisons ne date pas d’hier). 2) les commentaires relatifs aux différents travaux d’aménagement de la ville. 3) les  observations les plus intéressantes, à l’une ou l’autre des précédentes publications et réserverions les jugements (implicites ou explicites) de l’auteur quant aux évènements politiques et sociaux de son époque à une évocation de la vie et de la pensée d’Albert Boissier.


Publication du dernier ouvrage

  
      Le dernier ouvrage -comportant deux parties distinctes- devait constituer le « feu d’artifice » de ces publications. En effet, à ce propos, Melle Viallard -alors directrice des ADL- nous disait combien elle attendait cet ouvrage dans la mesure où rien n’avait encore été fait sur l’occitan vivaro-alpin de la région de Firminy alors que de nombreuses contributions s’efforçaient de rendre compte -de manière plus ou moins heureuse- des patois du Velay, du Forez et en particulier du « gaga » stéphanois (voir Naissance d’une Odyssée, p. 216). Or, le patois de Firminy représente un important maillon de ce véritable « patois-charnière » qui, d’une certaine manière, établit une jonction entre le « vivaro-alpin » et le « francoprovençal.
           Albert Boissier, lui-même, s’ingéniait à établir des rapprochements entre « Les Appelous et le Midi » (1933) : il perçoit la parenté du patois appelou avec l'ensemble occitan « et il n’a pas tort », note Jean-Yves Rideau. Albert Boissier n’avait-il pas entendu, à son grand étonnement -à Montauroux, en 1914- « de la bouche de paysans de l’endroit, une version originale et curieuse du thème poétique qui servit à Mistral pour insérer dans Mireille la gracieuse et touchante Chanson de Magali » ? En 1927, Albert Boissier citait -dans  l’article « La Région de Firminy et ses Rapports avec le Velay et le Languedoc »- un fragment de cette chanson :

Si tu te mets religieuse Si tu te mets en forme Dans un couvent, D’un moine blanc Je me mettrais en forme Je me mettrais en étoile D’un moine blanc Au firmament Toujours j’aurais de toi Jamais tu connaîtras Tes sentiments … Mes sentiments !

      Quelques années plus tard, Albert Boissier donnait -dans l’article de 1933 précité- deux versions de Magali en « patois appelou » et  en « patois provençal » :
Patois appelou 		        Patois provençal 
                  O Magali ma tant aîmo		            O Magali, ma tant amado
                  Beto ta têto au fenètrou		Mête la testo au fenestroun !
                  Ecouto è pau equello aubado	            Escouto un pau questo aubado
                  De tambourïn et de vioulou                 De tambourin et de violoun,
                 Què plein d’étiale per amoun               Et plein d’estello, aperamount !
                  L’auro Pè toumbo		            L’auro es tombado
                  Maî le z’étiale paliran		           Maî lis estello paliran
                 Quand te veiran			           Quand te veiran !




Deux figures régionales : Louis Chaleyer et Victor Smith

  
    Il convient de dire deux mots de la ville de Firminy où naquit en 1826 Louis Chaleyer (employé au contentieux d’une usine appelouse) qui rassembla une très remarquable collection d’ouvrages sur le Forez et ses environs. Privilégiant résolument le « local » à visage humain, nous rêvons d’une ville de Firminy dépositaire de l’ensemble des écrits collectés par Louis Chaleyer comme nous imaginons un « Centre Paul Le Blanc » dans la bonne ville de Brioude. Est-ce bien raisonnable si l’on considère que certains présidents d’assocations se comportent comme de petits hobereaux de village jaloux de leurs trésors (Jean Vigouroux nous autorisait de prendre seulement deux ou trois clichés du "Fonds Albert Boissier" alors que, vingt ans plus tôt, il nous laissa le loisir -en cachette de Bernard Besson, alors Président de la Société d'Histoire de Firminy- de reproduire la totalité des documents photographiques  ? Toujours est-il que Louis Chaleyer mourut dans sa ville natale en 1891.
      Par ailleurs, sur un plan à la fois « littéraire » et « dialectal », nous étions tenté de rapprocher -alors même que l’un éprouvait des difficultés à pratiquer le patois et que l’autre s’initia avec bonheur et talent à celui de sa région d’adoption- Victor Smith (1826-1882), juge au tribunal de Saint-Etienne et Albert Boissier fraiseur, pointeur puis bibliothécaire à l’usine Holtzer, c’est-à-dire deux personnalités qui nous font chaque jour regretter davantage les « belles âmes » d’autrefois. Avouons qu’Antoine La Tour-Varan (1798-1864) dont un lointain ancêtre épousa la belle « Marguerite la Sarrasine » (voir « Firminy sous Berlion, seigneur de la Tour de Varan » et « cortège historique » de 1914) complèterait harmonieusement le tableau en offrant le triptyque : 1) d’une figure de lointaine et belle noblesse. 2) d’un bourgeois au grand cœur. 3) d’un ouvrier des Lumières !
      Victor Smith -qui résidait à Fraisses et séjournait l’été à Saint-Didier-en-Velay- consacra une grande partie de son temps à recueillir les contes, les légendes et les chants entre Forez et Velay (Fraisses, Chazeaux, Marlhes, Saint-Just-Malmont, Saint-Didier-en-Velay, Retournaguet, Chamalières, Vorey, Roche-en-Régnier, etc.). Dans l’ouvrage confidentiel Naissance d’une Odyssée (2008), nous avons évoqué les 32  tomes (31 tomes + 1 volume de lettres diverses) remis à la bibliothèque de l’Arsenal par Eugène Muller ainsi que le tome XI -relatif aux contes- confié à Emile Cosquin en 1881.

Les manuscrits remis à l’Arsenal figurent sous les cotes 6834 à 6866. L’ensemble représente 10 400 feuillets + le tome XXXIIII (lettres diverses de V.S.). Ulysse Rouchon a reproduit plusieurs contes dans La vie paysanne dans la Haute-Loire, tome III, 1938) et dans Contes et légendes de la Haute-Loire (1947). Voir articles publiés dans les revues « Romania » (1872-11881) ; « Mélusine » (1877) ; « Revue des langues romanes » (1880) et publication faites par d’autres auteurs comme Germaine Brizard in « Revue de Folklore français » (1930) et Paul Fortier-Beaulieu Un mariage dans le haut Forez en 1873 (1938) qui est une reprise -avec des illustrations parfois contestées, avec raison mais sans indulgence, par d’autres « puristes » du folklore- d’un article paru dans « Romania » en 1880.

        N’oublions pas que Victor Smith a collecté à Fraisses (en 1867 et 1868) de très nombreuses chansons auprès de Jean-Marie Just (sous la dictée du père de ce dernier : Jacques Just, octogénaire) ;  Maurice Padel ; la « mère Granjasse » ; Rose Granjasse ; Mme Simon ; Denis Giraud ; Mme Drevet-Girinou, etc. Par ailleurs, Victor Smith recueille -entre 1871 et 1876- une cinquantaine de contes et de légendes et plus de soixante-dix chansons auprès de la septuagénaire Nanette Lévèque (née en 1803 à Sainte-Eulalie en Ardèche, aux confins de la Haute-Loire et décédée à Firminy en 1880) qu’il a le bon goût et surtout la pertinence de qualifier de « fidèle collaboratrice ». 
       Cette collecte a donné lieu à la publication de l’ouvrage essentiel Nanette Lévesque, conteuse et chanteuse du pays des sources de la Loire (2000) auquel il ne manque que de déterminer -si c’était possible- la part importante des contes et des chansons que la détentrice analphabète de cet inestimable savoir populaire (narratif et chanté) 1) apprit dans son village natal de Sainte-Eulalie. 2) entendit lors de son passage à Coubon (Haute-Loire). 3) recueillit -elle-même- dans la région de Firminy en devenant, par le fait, la véritable collaboratrice de Victor Smith et non un « vulgaire » témoin. 
        A contrario, on relève un seul récit de Nanette Lévèque (« Marie et Jeanne ») reproduit en patois (d’après une transcription faite en 1874 par l’instituteur de Fraisses) alors que la narratrice avait appris ces contes dans la « langue vulgaire » qui lui était beaucoup plus familière. Toutefois, au plan du patois, les « belles » sornettes de Nanette Lévèque ne ressortissent pas de la langue parlée à Firminy. A bon droit, Jean-Yves Rideau n’a pas retenu « Marie et Jeanne » (conte retranscrit pas Marie-Louise Ténèze avec -hélas- quelques retouches et sans la traduction de Victor Smith) dans la mesure où ce conte (transcrit vraisemblablement par le « sieur Roux », instituteur à Fraisses vers 1866 d’après la « Monographie » de Gazot) est rédigé en patois de Sainte-Eulalie.
       On peur observer que Victor Smith a collecté -au Petit Fraisses, en 1868- des chansons auprès de Bernard Brioude également originaire de Sainte-Eulalie. L’absence de rédaction en « langue vulgaire » ne permet pas de confronter ces chansons avec les les récits de Nanette Lévèque alors que l’un et l’autre, à période correspondante, sont originaires du même village. 
      Sans doute, en dépit de la disproportion entre l’énormité de la collecte de Victor Smith (alors que celle d’Albert Boissier reste, dans ce domaine précis, relativement modeste), quelques timides rapprochements peuvent être, ici ou là, effectués (cf. « chants de mai » ; « garçons de la montagne » : « Marion et le bossu » ; « Au bois de la Fouillouse », etc.) mais l’essentiel réside peut-être dans l’inventaire du patrimoine littéraire populaire de la région de Firminy, étant entendu que les chansons et les contes voyagent. Ainsi, Jean-Marie Just (important contributeur de Victor Smith) note tantôt que telle chanson a été entendue à Dunières, qu’une autre provient d’Yssingeaux et une troisième de Monistrol. On pourrait dire que ces apports exogènes affectent même la montagne de Sainte-Eulalie puisque Nanette Lévèque précise qu’elle a entendu telle chanson « en chemin de fer par des jeunes gens de Monistrol qui allaient moissonner aux environs du Puy ».
       Nous avons voulu rapprocher des personnalités de Firminy et de sa région qui connaissent aujourd’hui -à l’exception d’un La Tour-Varan invariablement promis à « l’Enfer » des bibliothèques, fussent-elles locales- des gloires, certes modestes, mais réelles. Il est d’ailleurs curieux qu’Albert Boissier ne se soit pas intéressé de plus près à Victor Smith et à Louis Chaleyer alors que sa famille s’installe à Firminy en 1896, c’est-à-dire seulement 14 ans après la mort du premier et 5 ans après celle du second. 
       Albert Boissier connaissait la documentation de Louis Chaleyer qu’il consulta à plusieurs reprises (cf. « Note isolée » relative à l’étymologie Varan) et il décrit le 3e étage de la maison Chaleyer « garni de rayons contenant des ouvrages et des vieux papiers » (« Ephémérides », p. 135). D’autre part, Albert Boissier cite Victor Smith à plusieurs reprises (cf. « Ephémérides », p. 64) et souligne l’intérêt de sa collecte de chansons (in « Histoire de l’origine … »). Enfin, Albert Boissier a photographié le petit domaine de la famille Smith au « Grand Fraisse » qui était à l’origine une magnanerie dirigée par le grand-père de Victor (cf. « Les Travaux et les Jours », p. 62-63, n° 210) tandis que, dans des notes extraites du « Carnet A », il précise que Victor Smith était propriétaire à Firminy et que « ses œuvres comportant 33 volumes (sont) déposées à la Bibliothèque de l’Arsenal (voir plus loin « Monsieur Schmidt, rapporté par M. Barlet, ancien maire de Fraisses, en mars 1921 »).
        Bien entendu, les œuvres des précurseurs ne sont pas indemnes de reproches. L’impressionnante collecte de Victor Smith est forte de 1725 textes dans les volumes de la Bibliothèque de l’Arsenal et sans doute de plus de 200 textes dans les 3 volumes de la Bibliothèque de l’Institut catholique de Paris (Marie-Louise Ténèze n’a pas indiqué le chiffre exact dans ses notes pourtant très précises). Toutefois, à quelques exceptions près, on regrette l’absence de transcriptions patoises systématiques tandis que Georges Delarue -qui avait pour projet de publier l’intégralité des chansons du juge-folkloriste- nous confiait qu’il avait été découragé par l’absence de mélodies. Ces lacunes ne sauraient invalider l’œuvre de Victor Smith. On a même suggéré, dans un autre ouvrage, que l’intransigeance des spécialistes expliquait le caractère tardif de la publication de l’inestimable (et bien réel celui-ci) « Trésor » des contes de Nanette Lévèque.
        Par ailleurs, l’essoufflement des effets des fameuses « Instructions de 1853 » explique en partie le fait qu’Albert Boissier -dont on connaît les dispositions musicales- n’ait pas accordé davantage d’intérêt aux chansons populaires qui avaient suscité l’attention de ses prédécesseurs le Dr Noëlas (Essai sur le romancero forézien ; 1865) ; Eugène Muller (cf. 19 chansons publiées dans « Le Mémorial de la Loire » en 1867) et Louis-Pierre Gras dont  Georges Delarue analyse La collecte de L-P. Gras vers 1865 (1984) qui comporte 150 références (Archives de la Diana à Montbrison) en la mettant, le cas échéant, en rapport avec celle d’Eugène Muller (cf. « La Marion et le bossu »).
      Nous avons publié plusieurs chansons, rondes et formulettes recueillies par Albert Boissier (cf. Les Travaux et les Jours, p. 119-131) et Albert Boissier fils, (Ephémérides Appelouses, p. 123-134). D’autre part, sur une feuille isolée, Albert Boissier a noté l’incipit d’une soixantaine de chansons (dont « Au bois de la Fouillouse. Il y a des voleurs »).


Publication des derniers ouvrages extraits des notes d’Albert Boissier

  
        Ayant publié les 4 premiers ouvrages et de manière à honorer (bien tardivement) d’anciens engagements, nous avons confié la rédaction des ouvrages V1 et V2 à « des gens plus autorisées que nous en la matière » comme dirait Albert Boissier. C’est ainsi que Patrice Benvenuto a travaillé -à partir des documents que nous lui avons confiés- sur le parler populaire de la vallée de l’Ondaine et décidé de laisser à un éditeur apparemment plus performant (éditions du Roure) que notre modeste association la publication de l’ouvrage Le parler de la vallée de l’Ondaine (2011). 
       Par ailleurs, l’auteur a choisi de ne pas rendre compte systématiquement des mots et expressions (souvent « à la limite extrême de la lisibilité ») contenus dans le cahier mentionné plus haut et des notes éparses transcrites dans les différents carnets mais de procéder à une sélection d’un grand nombre de ceux-ci au profit d’un dictionnaire fort de 900 entrées (proposant « la nature du mot, sa transcription phonétique », son origine avérée ou supposée, ses dérivations, les exemples d’emplois »).
      Nous avions demandé, vainement, à Patrice Benvenuto de travailler de concert avec Jean-Yves Rideau dont la connaissance approfondie de l’ensemble des « réalités linguistiques régionales » aurait permis à notre ancien condisciple de surmonter une difficulté -inhérente au problème de la francisation du patois- susceptible de compromettre partiellement la valeur de l’ouvrage. A ce propos, Jean-Yves Rideau précise :
     Il ne faut pas prendre le français local (ou régional) pour une altération du français de référence, un « patois » donc, dû à l'ignorance populaire. C'est ce qu'on apprenait à l'école. Et un Molard pouvait publier en 1810 Le mauvais langage corrigé, Recueil d'expressions vicieuses usitées à Lyon. Dès le 19° siècle, les érudits locaux (Nizier de Puitspelu à Lyon, Gras et Onofrio pour le Forez) faisaient justice de ce genre de pensée, montraient qu'il existait une langue gallo-romane spécifique, et que ce qu'on appelait le « lyonnais », le « gaga », était du français régional, issu de la francisation de populations non francophones qui, passant au français, amenaient de leur façon de dire. Le français régional n'est donc pas à étudier du point de vue français, mais du point de vue francoprovençal (Lyon, St Etienne), ou occitan vivaro-alpin (Firminy).
          Bien entendu, chaque auteur est seul maître à bord. Ayant l’habitude de publier -contrairement aux chercheurs « académiques » qui bénéficient de fonds publics pour « écouler » gratuitement leurs savantes contributions- à la double intention de lecteurs avertis mais aussi du grand public, nous avons demandé à notre épouse -avec l’accord de Jean-Yves Rideau- d’« imager » certaines chansons d’Albert Boissier dans la mesure où les éventuelles illustrations n’impliquaient pas (à l’exemple d’« Un mariage dans le haut Forez ») le recours à des « dessins ethnographiques ». D’autre part, d’anciennes photographies (retouchées) correspondent à de nombreux thèmes abordés dans « La Plenta dau vielh clocheir ». Enfin, nous avions présenté les textes établis par Jean-Yves Rideau en utilisant cinq couleurs différentes de manière à distinguer : 1) les textes patois et français. 2) les différentes versions patoises. 3) les observations d’Albert Boissier. 4) les remarques de Jean-Yves Rideau. 5) les petites notes de bas de page. Jean-Yves Rideau -contrarié par ce déploiement de couleurs- nous a demandé de rétablir la plus classique et sérieuse typographie en « noir et blanc ».
        De son côté, Patrice Benvenuto s’est quelque peu démarqué de notre projet en renonçant à ancrer le « parler populaire » dans la réalité linguistique de la région de Firminy. L’ébauche de couverture initiale et la couverture définitive de l’ouvrage en  question -dont la maquette de couverture, d’un « stylisme » résolument moderne, de Françoise Dancer fait du mot « matrus » un vétitable intitulé- témoigne de cette évolution. 
         Au demeurant, ce terme -révèlateur de la complexité des « réalités linguistiques »- a donné lieu à un différend entre Albert Boissier et Albert Boudhon-Lashermes qui, tout naturellement, replacent l’un et l’autre le mot « mâtru » dans son contexte dialectal. En effet, dans un article des « Amitiés foréziennes et vellaves » de Juillet 1922, Albert Boissier -fort du « Dictionnaire » de L.P. Gras ; du « Dialecte de Saint-Etienne » de Vey que corroboraient les propos d’une ménagère- reprochait à Boudhon-Lashermes d’avoir traduit « mâtru » par « enfant vigoureux, costaud » alors que, dans la région de Firminy, le terme signifie « chétif, petit, mesquin ». Albert Boudon-Lashermes répondait de la manière suivante à Albert Boissier :
       
       Si mâtru est employé dans le sens de chétif dans la région stéphanoise, c’est encore d’un mot provençal qu’il tire son origine, puisqu’on l’explique par l’étymologie mal-atru, opposé à bèn-atru.
     Mâtru dans le sens de vigoureux vient de mastru, mot provençal signifiant littéralement bien-pétri (du mot mastro, pétrin). Uno mastro, c’est un pétrin ; uno mastrado, c’est le contenu d’un pétrin ; un mastru, c’est un bien pétri.
    Au contraire, dans le sens de chétif, mâtru viendrait non pas précisément de mal-astru qui signifierait plus exactement malheureux, misérable (astru est un mot provençal qui veut dire chance, fortune, bonheur, dont on a fait l’adjectif astru, astruga (qui a une bonne étoile) et dont nos pères du Moyen-Age firent le curieux prénom de femme que nous retrouvons dans les parchemins du quatorzième siècle : Astruge (on dirait aujourd’hui Veinarde !) – mais bien plutôt de mal-estru, qui figure précisément au Trésor du Félibrige avec le sens de malingre, et qui vient du verbe estruire (instruire).
    Estru signifie instruit ; mal-estru signifie d’abord mal-appris et devint par la suite synonyme de mal-réussi, mal fait. D’où le sens actuel de mâtru dans la région stéphanoise.
       Ce différend met en lumière un problème récurrent de renversement sémantique (cf. « Plampougny ») susceptible de donner raison -à l’un et à l’autre- des deux spécialistes si l’on en juge par la piécette en patois appelou  « Lou coutillou de la lavandeïro » et de la formule « Un mâtru merdaillou » qu’Albert Boissier traduira, en 1948, par : « Un petit malotru » (Voir « Annexes). 
      Au final et en dépit de cette importante lacune, en complétant et en actualisant le travail d’Albert Boissier, Patrice Benvenuto a rendu compte des « charmes » du parler populaire auquel lui-même n’a jamais cessé de s’intéresser en proposant un ouvrage dont il peut revendiquer l’entière paternité de la « manière » et dont la « matière » doit tout autant à lui-même qu’à Albert Boissier.
     Les lecteurs avertis connaissent Jean-Yves Rideau. Cet ancien professeur, bibliothécaire et critique d’art (et même moutonnier) a publié, en 2007, les Poésies Patoises de Jean-François Meiller qui relèvent -dans l’aire des parlers vivaro-alpins- de l’occitan du nord-est de la Haute-Loire (voir 2 autres traductions faites, l’une par un  étudiant de l’Université de Lyon ( ?) et l’autre par notre regretté ami Antoine Digonnet). C’est à Jean-Yves Rideau que nous avions confié la mise en œuvre de la dernière publication relative aux « écrits patoisants » d’Albert Boissier.
        On ne remerciera jamais assez Jean-Yves Rideau pour la qualité de son travail et la pertinence de ses éclairages. En outre, l’adjonction du texte essentiel « La Plenta dau vielh clocheir » contribue à donner non seulement un indéniable atout linguistique mais également un « supplément d’âme »  à l’ouvrage. On en dira autant -à défaut de l’ode « Aux Zefans de Frouminio » qui n’est pas d’Albert Boissier- de l’hommage « A netroun vesi de vè mounistreau » qui valut à Albert Boissier le premier prix de poésie aux Fêtes Félibréennes qui se déroulèrent à Monistrol le samedi 14 et le dimanche 15 juillet 1934.  
      Quant au parti-pris avoué de l’auteur, il ne constitue qu’une des formes de la « politesse élémentaire » de la sincérité que tout un chacun a légitimement le droit et le devoir de revendiquer. Pour notre part, nous pensons que Jean-Yves Rideau a grand tort -en « dépolitisant le débat- de sous-estimer l’importance de la démolition de la vieille église Saint-Pierre de Firminy que l’on pourrait qualifier de signe avant-coureur des méfaits des représentants de l’état libéral -qu’il dénonce si justement par ailleurs- si celui-ci, dans l’attente d’autres mauvais coups,  n’avait pas déjà sévi quelque soixante-dix ans plus tôt !
   . En effet -preuve que les hommes sont aussi têtus que les faits qui ont « bon dos »- ce « saccage du Temple » n’avait rien d’original ou d’accidentel puisqu’il renouvelait celui de l’église Notre-Dame de la Place du Marché qui -dans les années 1860- fit des appelous la risée des chambonnaires (cf. « chanson satirique », p.18). Dans ses « Chroniques », la Tour-Varan (indigné par le triste sort réservé à ce monument séculaire) écrivait de manière prémonitoire en 1857 :
       Maintenant, ce n’est qu’en tremblant que nous vous demanderons ce que vous allez faire de l’église de St-Pierre, cette masure que nous a léguée le siècle de Saint-Robert, cet oratoire primitif de la primitive population de Firminy et qui depuis si longtemps ne sert plus d’asile qu’aux fouines et aux orfraies. La démolirez-vous cette église, comme vous avez renversé celle où cependant vous aviez été baptisés ?
        Tout en déplorant les « trésors archéologiques perdus à tout jamais », Jean Vigouroux tend à justifier -peu ou prou- la démolition de l’église Saint-Pierre en alléguant -comme si nous n’avions pas constamment traversé des périodes de crise- des difficultés financières ponctuelles. Les « 30 Glorieuses », elles-mêmes, ne constituent qu’une reconstruction « optimisante » et « industrialisante « de Jean Fourastié (Albert Boissier relève la présence de « tickets de pain » en 1946, et sans parler de « l’hiver 54 » et de mai 68, on se souvient du premier choc pétrolier de 73) tandis que le problème de la restauration de l’église Saint-Pierre n’est pas apparu du jour au lendemain. Les arguments de Jean Vigouroux ont valeur d’arguties visant à valider les volontés des « décideurs » qui, forts de l’appui médiatico-financier, finissent toujours par transformer leurs plus cuisants échecs en de retentissants succès invariablement scandés par l’interminable « foule d’attente » des nouveaux convertis. 
       En effet, cette véritable « destruction » doit être mise en rapport avec l’acharnement de la « construction » de l’église Le Corbusier au mépris d’ailleurs de la « loi de séparation des Églises et de l'État » dont on fait usage à géométrie variable. En 1989, nous écrivions : « L’église Le Corbusier verra, tôt ou tard, le jour même s’il ne reste plus aucun catholique pratiquant dans la ville » après avoir supprimé (pour ne pas offusquer certains de nos lecteurs) « et que nos compatriotes de religion musulmane ne disposent d’aucune mosquée décente ». A ce titre (certaines notes indiscrètes d’Albert Boissier le montrent de manière prémonitoire) la démolition de l’église Saint-Pierre incarne le débat -dans lequel les meilleurs esprits de tendance socialisante ne se retrouvent pas toujours- entre les élites -si sûres d’elles-mêmes et dominatrices- et les voix du peuple profond !


Conclusion

  
        Dans nos différentes publications, nous avons essayé de faire le tour des écrits d’Albert Boissier. Compte-tenu de ses moyens financiers très limités, l’historien de Firminy n’a procédé à aucune publication personnelle en préférant donner de nombreux articles à des revues régionales ou en rédigeant différentes monographies non publiées de son vivant.
       A l’intention des chercheurs qui, plus tard, se pencheront sur l’œuvre d’Albert Boissier, nous procéderons dans la partie « Annexes » à un premier et très incomplet essai de recension systématique des publications et des écrits d’Albert Boissier.
        Nous ne pouvons que remercier chaleureusement Patrice Benvenuto et Jean-Yves Rideau qui nous ont permis d’honorer nos engagements à l’égard de ce cher « Bab »  qui, de longues journées durant, nous reçut si gentiment. 
        D’autre part, nous n’avons fait -en tant qu’appelou de naissance- qu’apporter notre pierre à la connaissance d’Albert Boissier dont l’œuvre est celle d’un esprit libre, ouvert et bienveillant. Par quel sortilège, un descendant des lointains huguenots cévenols qui écrivit le panégyrique du (saint) Père Merlaton et qui transcrivit -paroles et mélodie compris- le chant entonné « par les Kabyles à l’enterrement de leur camarade au cimetière de Firminy en 1916 » (cf. « Ephémérides ») aurait-il pu ne pas être un « honnête homme » ? 
      Comme nous l’avons toujours fait, nous mettons l’ensemble de nos écrits à la disposition des chercheurs qui nous succèderont. Il  va sans dire que ces derniers amélioreront de beaucoup nos contributions mais ils ne pourront plus, désormais -pour actualiser une formule de Jean Ferrat- orienter implicitement et systématiquement l’œuvre d’Albert Boissier dans le sens qui -brochette de logos des organismes « subventionneurs » en bandoulière- plaît au « corps idéologique commun ».
       Au demeurant, on aimerait connaître -aujourd’hui- le jugement d’Albert Boissier -qui militait de toutes ses forces en faveur de l’instruction populaire- devant les acquis et les dérives de cette impérieuse « mission » s’il est vrai que nous avons montré, dans un autre ouvrage -à travers l’emblématique figure de la béate du Velay- les insoupçonnés (et toujours circonstanciés) mérites d’une certaine forme d’ignorance qui autorise parfois l’émergence de personnages d’exception dont l’individualité s’« abîme » et se confond avec le groupe tout entier jusqu’à incarner ce que Patrice Coirault a si bien appelé un « être innombrable et indivis » (voir notre définition de la « trinité baroque » in  Naissance d’une Odyssée). 
       Nanette Lévèque incarne -en l’exagérant dans le meilleur des sens- le prototype des témoins d’Albert Boissier, et en conséquence, la partie de l’œuvre de l’historien appelou à laquelle nous avons voulu rendre le plus vif des hommages. Nanette Lévèque ne représente-t-elle pas, en effet, le personnage du terroir -analphabète et éclairé- appelé à s’exprimer au nom du groupe tout entier et qui -à rebours de l’intellectuel bourgeois dont le rêve est de transformer la vie en destin- n’a autre « loisir » que celui de mettre le destin aux couleurs de la vie aux travaux laborieux et pénibles. Voilà pourquoi Albert Boissier et Nanette Lévèque -comme le dit si justement Marie-Louise Ténèze à propos de celle-ci- forcent « notre estime, voire notre admiration et certainement notre émotion » !

Georges Dubouchet

          ANNEXES
          Nous avions annoncé -à l’occasion de la parution du Tome I des « Carnets »- la publication d’un livret « Exposé Général » recensant l’ensemble des publications et des écrits d’Albert Boissier. Cet opuscule n’ayant vu le jour, nous reprenons les informations délivrées dans les différentes publications en mentionnant plusieurs pièces non citées dans les ouvrages précédents.
       D’autre part, nous reproduirons plusieurs textes rédigés ou recueillis par Albert Boissier. 
       Nous commencerons par la brève préface qu’Albert Boissier fils avait rédigée -dans les derniers mois de sa vie- en guise d’introduction au livret évoqué plus haut.

ALBERT BOISSIER

        Albert Boissier est né le 9 août 1878 à Beauvoisin (Gard), d’une famille protestante originaire de Grizac (canton du Pont de Montvert).
         Son père instituteur fut nommé sous-inspecteur des « Enfants assistés » et occupa de nombreux postes dans cet emploi, ce qui explique qu’Albert Boissier fréquenta plusieurs établissements scolaires : Beauvoisin, Rodez, école annexe de l’Ecole Normale de Bourg, Lycée de Bourg, Lycée de Gap.
        Ayant démissionné de son poste de sous-inspecteur, son père entre au journal « ‘Le Progrès » de Lyon au service des ventes. Ce poste l’amènera dans la région de Firminy.
       C’est alors qu’Albert Boissier entre aux établissements Holtzer en 1893 (1). Il travaille d’abord à l’atelier comme rabatteur de 1893 à 1903, puis comme fraiseur de 1903 à 1905.
       Il entre ensuite au bureau comme pointeur jusqu’en 1917. A cette date, il organise la Bibliothèque technique où il restera jusqu’à sa retraite en 1950.
       Il se retire au Pertuiset (Le Pochet) où il meurt le 30 juin 1853.
        Albert Boissier a été correspondant du journal « L’Eclaireur » de 1897 à 1918 et de « La Tribune » et du « Progrès » jusqu’à sa retraite.

(1) La date d’arrivée d’Albert Boissier à Firminy est inexacte. L’écrivain indique à plusieurs reprises l’année 1896 comme étant celle de son arrivée à Firminy. Ainsi, il précise dans une note isolée intitulée « Souvenirs du vieux Firminy » :

             Nous sommes arrivées en août 1896. Logé en chambre rue du Champ de Mars …
Publications d’Albert Boissier
        Dans nos différentes publications -avec le précieux concours de M. Albert Boissier fils- nous avons essayé de faire le tour des écrits d’Albert Boissier. Compte-tenu de moyens financiers limités, l’historien de Firminy n’a procédé à aucune publication personnelle en préférant donner de nombreux articles à des revues régionales ou en rédigeant différentes monographies non publiées de son vivant.  Albert Boissier a le plus souvent signés de son nom les nombreux articles qu’il a publiés. Néanmoins, il a utilisé au moins quatre pseudonymes : L’Appelou (cf. « L’Eclaireur ») ; Jean Desforges (cf. « La Région Illustrée ») ; Pierre Dondaine (cf. « Le Courrier de l’Ondaine ») et l’anagramme Isoberis Lebart (cf. « Forez-Auvergne-Velay »).
       A l’intention des chercheurs qui, plus tard, se pencheront sur l’œuvre d’Albert Boissier, nous citons -en reprenant et en complétant les listes précédemment données- la plus grande partie des textes d’Albert Boissier dont nous avons connaissance. Toutefois, la recension la plus exhaustive de ceux-ci ne saurait faire l’impasse de l’ensemble des documents remis par M. Albert Boissier fils 1) aux Archives de la Loire. 2) à la Société d’Histoire de Firminy (à partir des années 1970) dont nous sommes loin d’avoir donné une liste complète. 3) ainsi qu’une approche méticuleuse des différents journaux, revues et périodiques (cf. « L’Eclaireur »). Nous sommes bien persuadé, par ailleurs, qu’un chercheur -exploitant méticuleusement les « Fonds Boissier » des ADL et de la Société d’Histoire de Firminy- pourra compléter cette liste en ajoutant des articles qui ont échappé à l’inventaire établi par M. Albert Boissier fils ainsi qu’à nos propres recherches. 
        Au lendemain de la mort de son père, Albert Boissier fils -ne disposant pas d’un local adéquat- dispersa la plus grande partie des collections de son père et de la bibliothèque dont il ne conserva que les éléments les plus significatifs et les moins volumineux. Ainsi, pour prendre seulement deux exemples, on dira que Robert Bouiller a remis un ouvrage de Louis-Pierre Gras (Evangile des quenouilles foréziennes ?) provenant de la bibliothèque d’Albert Boissier que le Conservateur du Musée Alice Taverne avait acquis auprès d’un bouquiniste tandis que notre lointain parent, le libraire Yves Dubouchet, nous avait gentiment adressé -également annoté de la main d’Albert Boissier- Aquae Segetae Mediolanum d’Edmond Révérend du Mesnil.
       Observons à ce propos qu’Albert Boissier avait l’habitude d’annoter et d’illustrer (photos, dessins, croquis, plans, etc.) les ouvrages figurant dans sa bibliothèque en grande partie dispersée au lendemain de sa mort. Il n’est pas douteux que la mise bout à bout de ces annotations et illustrations constituerait un tout entier et singulier ouvrage.
      Nous donnons, ci-dessous », l’ensemble des publications d’Albert Boissier dont nous avons connaissance ainsi qu’un large aperçu des notes qu’il avait prises sur les sujets les plus variés. Nous avons fait l’impasse du « Fonds Boissier » conservé par la Société d’Histoire de Firminy à laquelle nous avons remis les différents carnets que nous avait confiés M. Albert Boissier fils.

I- Le « Fonds Albert Boissier » aux A. D. L.

      En novembre 1957, Albert Boissier fils procéda à un legs important auprès des Archives du Département de la Loire. Ce premier « Fonds Albert Boissier » (conservé sous le sigle 7 J) comprend 17 numéros. Nous distinguerons ce qui concerne le travail propre à historien local (relevés d’archives et de plans) et ce qui relève (rubriques soulignées) de l’œuvre proprement dite d’Albert Boissier :

7 J 1 : Lieux et Patronymes relevés dans : Registre paroissial de Firminy (1620-1681) ; Terrier Parchas (1593) ; Répertoire des Naissances Descos (1683-1694) ; copies d’actes anciens et de certaines observations de La Tour-Varan ; Fiches par noms de famille avec notes d’Emile Salomon + 1 petit cahier de poésies patoises avec traductions et un texte patois. Deux poésies sont d’Albert Boissier : 1) « Lou Milladiou », petit extrait de « La Plenta dau vielh clocheir » (in « Firminy-Kermesse 1923) et 2) « A netroun vesi de vè mounistreau ». Deux autres ne sont pas d’Albert Boissier : 1) « Aux Zefans de Frouminio » et 2) « Le clouchaet de vè Frouminio ». Quant à la petite pièce en patois de Firminy, « Lou coutillou de la lavandeïro », elle fut communiquée, en 1948, à Albert Boissier par M. Tavernier. Notons que la poésie « Aux Zefans de Frouminio » figure en deux exemplaires : le premier, recopié de la main d’Albert Boissier, est transcrit d’après le numéro unique du 14 mai 1893 de « Firminy-Cavalcade » ; le second, typographié, est une reproduction du numéro également unique de « La République du Mas » du 28 mars 1933. 7 J 2 : Transcription d’un terrier de Firminy. 7 J 3 : Extraits d’actes de la baronnie de Feugerolles. 7 J 4 : Actes notariés relatifs à la ville de Firminy. 7 J 5 : Plan d’après le cadastre de Firminy av ec mention des puits en exploitation. 7 J 6 : Plan cadastral de Firminy. 7 J 7 : 3 plans de la commune de Firminy. 7 J 8 : Plans cadastraux de différentes communes avoisinant Firminy. 7 J 9 : Rôle de répartition de 3132 journées à bras pour la réparation du chemin vicinal Firminy-Saint-Just. 7 J 10 : Requête au roi signifiée aux sieurs d’Osmond. 7 J 11 : Copie de documents relatifs à la famille De la Tour-Varan. 7 J 12 : Documents relatifs à Me Michel Delaroa, notaire à St-Victor-sur-Loire en 1728. 7 J 13 : Le problème des armoiries de la famille d’Alboin de Cordes. 7 J 14 : Histoire d’une grande usine. 7 J15 : Documents relatifs à des familles nobles de St-Etienne, Roanne. Extraits des registres des baronnies d’Aurec, Oriol et La Chapelle (XVe-XVIIe siècles). 7 J 16 : 3 Lots de plusieurs centaines de photographies et cartes postales de la région de Firminy. 7 J 17 : Manuscrit « La plainto do vieu cloucher » avec traduction et notes d’Albert Boissier + imprimé « Chant des Apelous ».



II- Articles parus dans des revues régionales

     L’inventaire des 96 articles qui suivent nous a demandé de nombreuses recherches mais il est bien évident qu’il ne prétend ni à l’exactitude (cf articles de « L’Eclaireur » et « Amitiés foréziennes et vellaves ») ni à l’exhaustivité.
             				L’ECLAIREUR

LES LEGENDES DE NOS PAYS - LE CHANT DU ROSSIGNOL 6 AOUT 1910 LES LEGENDES DE NOS PAYS - LE CHANT DU ROSSIGNOL (suite) 13 AOUT 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 3 SEPTEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 17 SEPTEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 24 SEPTEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 1 OCTOBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 8 OCTOBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 24 SEPTEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 1 OCTOBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 8 OCTOBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 15 OCTOBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 19 NOVEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 10 DECEMBRE 1910 LE PATOIS PITTORESQUE 25 DECEMBRE 1910 AU PAYS APPELOU –VIEILLES TRADITIONS JANVIER 1912 AU PAYS APPELOU –VIEILLES TRADITIONS (suite) JANVIER 1912 AU PAYS APPELOU –VIEILLES TRADITIONS (suite) JANVIER 1912

                                      FOREZ-AUVERGNE-VIVARAIS

UN PONT GALLO-ROMAIN AUX SAUVAGES PRES D’AUREC N° 94 - 01/12/1910 UN MONUMENT MEGALITHIQUE A L’OPPIDUM D’ECHANDE N° 106 - 01/07/1911 UNE EXCURSION A ESSALOIS N°113 - 15/10/1911 LES ARCHES DE GOURNIER N°118 - NOEL-JANV. 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. VIEILLES LEGENDES N° 126 15 MAI 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. LE LUTIN N° 127 1JUIN 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. LE LUTIN DE LA MINE N°128 15 JUIN 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. LES CHASSEURS DE LA NUIT N°130 15 JUIL. 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. VIEILLES LEGENDES N°131 1 AOUT 1912 CHOSES D’AUTREFOIS. VIEILLES LEGENDES N° 133 1 SEPT 1912 LES CONFIDENCES D’UN VIEUX BOUQUIN N° 161 15NOV-1 DEC. 1913 UNE EXCURSION A LA TOUR D’ORIOL N° 162 15 DEC-1 JANV. 1913-1914 LES GORGES DE LA SEMENE N° 168 15 AVRIL 1914 LA CHAPELLE DU PRIEUR DE STE FOY-DU-CHATELET N°169 1 MAI 1914 LES AUTRICHIENS A ST-ETIENNE N°174 AOUT 1914

LA REGION ILLUSTREE

LE COURS DE LA LOIRE D’AUREC A ST-RAMBERT  		            		         N°11  15 MAI 1929

JACOB HOLTZER N° 15 15 JUIL. 1929 UN ANCETRE DE LA METALLURGIE VELLAVE N° 20 5 OCT. 1929 L’ENIGME DU LINTEAU ROMAN N° 30 5 MARS 1930 CORNILLON ET SON SITE N° 42 5 SEPT 1930 LA CITADELLE D’ANVERS FUT-ELLE DETRUITE … 1930 UN COUP D’ŒIL SUR LA REGION DE FIRMINY … PAQUES 1931 HISTOIRE DE LA FAMILLE DE LA TOUR-VARAN PAQUES 1932 LES NONNES DE CHAZEAUX NOEL 1932 LES AUTRICHIENS A ST-ETIENNE … PAQUES 1933 CHAMBLES ET SES ENVIRONS PAQUES 1934 HISTORIQUE DES PONTS SUSPENDUS DU PERTUISET MAI 1934 HISTORIQUE DES PONTS SUSPENDUS DU PERTUISET JUIN 1934 NOS VOISINS DE MONISTRL JUILLET 1934 LA LEGENDE DU GRAND LAC NOIR D’AUREC PAQUES 1935 LES TOMBEAUX ANTIQUES DE L’EGLISE ST-PIERRE NOEL 1935 LA MYSTERIEUSE TOUR D’ORIOL (I) PAQUES 1936 LA MYSTERIEUSE TOUR D’ORIOL (II) NOEL 1936 LA MYSTERIEUSE TOUR D’ORIOL (III) NOEL 1937 LA VALLEE DE L’ONDAINE 1937

  
   LE COURRIER DE L’ONDAINE

UN DRAME DANS UNE PRISON SOUS LA REVOLUTION A FIRMINY 10 SEPT 1922 LES CHASSEURS DE LA NUIT 1937 LES SUPERSTITIONS DE NOS PERES 1937

            LE PATRIOTE

LE CLOU FORGE DANS LA REGION DE FIRMINY 11-12 OCTOBRE 1947 LE CLOU FORGE DANS LA REGION DE FIRMINY (Suite) LE CLOU FORGE DANS LA REGION DE FIRMINY (Suite et fin)

LA TRIBUNE REPUBLICAINE UNE EGLISE INCONNUE A CORNILLON 4 FEV 1928 LES BEAUTES NATURELLES DES GORGES DE LA LOIRE 17 AOUT 1930

 LE MEMORIAL DE LA LOIRE

L’EGLISE SAINT-PIERRE DE FIRMINY (Plaidoyer en faveur …) 26 NOVEMBRE 1922 L’EGLISE SAINT-PIERRE DE FIRMINY SEPTEMBRE 1932

     LE POILU DE LA LOIRE

QUELQUES MOTS SUR L’HISTOIRE DE FIRMINY N° 162 10 MAI 1935

                        AMITIES FOREZIENNES ET VELLAVES

SUR UNE EXPRESSION FOREZIENNE JUILLET 1922 UN POINT D’EYMOLOGIE : LA VILLA DES DEUX ROSES N°10 1922 POUR LE CLOCHER DE SAINT-PIERRE A FIRMINY N°12 1922 LES SAISONS D’AUTREFOIS MARS 1924 LA LEGENDE DU GRAND LAC NOIR D’AUREC LES PELERINS DE COMPOSTELLE LES PELERINS DE COMPOSTELLE L’EGLISE SAINT-PIERRE DE FIRMINY L’EGLISE SAINT-PIERRE DE FIRMINY SEPTEMBRE 1932

     FIRMINY-KERMESSE 25 JUILLET 1914

FIRMINY SOUS BERLION, SEIGNEUR DE LA TOUR DE VARAN

             FIRMINY-KERMESSE 9 NOVEMBRE 1919

RESUME DE L’HISTOIRE DES APPELOUS

               FIRMINY-KERMESSE 29 JUILLET 1923

LA REINO BLANTSO LOU MILADIOU RERSTITUTION DE LA VILLE ET PRIEUR2 DE FIRMINY AU XIVe SIECLE

                     LA REPUBLIQUE DU MAS 28 MARS 1933

LE QUARTIER DU MAS LES APELOUS ET LE MIDI LA REVUE « VA POUPOULE » A L’ALCAZAR EN 1904 AUX ZEFANS DE FROUMINION (poème patois)

GUIDE-ANNUAIRE DE FIRMINY 1926

FIRMINY ET SES ENVIRONS

       ANNUAIRE DE FIRMINY 1927

LA REGION DE FIRMINY ET SES RAPPORTS AVEC LE VELAY ET LE LANGUEDOC LOU MILAZDIOU (extrait de la Plainte du vieux clocher)

 ANNUAIRE-GUIDE DE FIRMINY 1928

HISTOIRE DES RUES DE FIRMINY LE CHAMBON-FEUGEROLLES LE CHAMON-FEUGEROLLES ORIGINES

                            GUIDE-ANNUAIRE DE FIRMINY 1929-1930

L’HISTOIRE DE LA RICAMARIE

NOTRE PROVINCE LA PIERRE DE SAINT-MARTIN DANS LA VALLEE DE LA SEMENE JANV. 1952

     CANEVAS DE CONFERENCES FAITES AUX ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES MARS 1943

FIRMINY ET SA REGION DES ORIGINES A LA FIN DE LA REVOLUTION

BULLETIN DES POILUS DE LA GRANDE GUERRE (21e Congrès interdépartemental)

QUELQUES MOTS SUR L’HISTOIRE DE FIRMINY

LIVRET RELATIF EXPOSITION DES ARTS APPLIQUES (Firminy, 1925) PREFACE

           ARTICLES PUBLIES DANS DES REVUES NON IDENTIFIEES

LA VALLEE DE L’ONDAINE 28 AOUT 1937 LA VALLEE DE L’ONDAINE (Suite) LES JOLIS COINS DU PERTUISET LA VIEILLE ECOLE SAINT-PIERRE ET LE NOUVEAU GROUPE SCOLAIRE PASSAGE DE TROUPE ET QUARTIERS D’HIVER … PASSAGE DE TROUPE ET QUARTIERS D’HIVER … (suite)

III- 2 importantes monographies

         Albert Boissier a rédigé deux monographies d’un insigne intérêt :

1) La première monographie intitulée Histoire de l’Industrie du clou dans la région de Firminy fut publiée en 1941 dans la Revue de Folklore français et de Folklore colonial. Nous avons rééditée en 1991 ce petit mais essentiel opuscule avec 200 pages de notes et annexes thématiques qui réactualisaient les enquêtes d’Albert Boissier. 2) La seconde monographie, Histoire d’une grande usine (dont nous voulions entreprendre la publication avec une importante iconographie) a été reproduite en grande partie dans les numéros 21 à 28 de la revue « Hier et Aujourd’hui » de la Société d’Histoire de Firminy. Cette étude comporte 170 feuillets dactylographiés + quelques illustrations (sans grand intérêt pour la plupart) et deux petits chapitres extraits d’autres brochures. Le corps de l’étude apporte de substantielles informations sur « les Holtzer », l’historique de l’usine, les martinets d’Unieux et les procédés de travail de cette entreprise. Une première partie intitulée « A la gloire de l’eau » ne manque pas de charme (ADL J7 14).

IV- 6 Brèves Monographies manuscrites

        Ces monographies manuscrites -généralement rédigées dans les dernières années de la vie d’Albert Boissier- sont assez brèves : 1) Notre-Dame de La Faye près d’Aurec (1935). 2) L’arrière-fief de Montauroux (1951). 3) Froment l’abatteur de nuées (1951). 4) Histoire du Saint Père Merlaton (1951). 5) Histoire du curé Lafay (1951). 6) La mystérieuse Tour d’Oriol (1953).

V- 6 carnets chronologiques + 2 carnets thématiques

        Les deux premiers carnets sont les plus importants. Les carnets a1 et a2, beaucoup plus petits, sont souvent consacrés à des promenades et excursions.

- 6 carnets chronologiques :

  • Carnet A : commencé en décembre 1910 ; achevé le 13 août 1913. Comporte 640 notes.
  • Carnet B : commencé le 25 août 1913 ; achevé en mai 1936. Comporte 448 notes.
  • Carnet C : commencé le 26 mai 1936 ; achevé en avril 1945. Comporte 200 notes).
  • Carnet D : commencé le 20 janvier 1943 ; achevé vers septembre 1948. Comporte 212 notes.
  • Carnet E : commencé le 16 février 1945 ; achevé vers juin 1948. Comporte 174 notes.
  • Carnet F : commencé le 12 décembre 1948 ; se termine en juin 1853 à la mort de l’écrivain. Comporte 174 notes.

- 2 petits carnets thématiques (que nous avons représentés par les sigles « a1 » et « a2 »)

  • Carnet a1 : commencé le 2 décembre 1912 ; achevé le 11 février 1949 par le compte-rendu d’une promenade.
  • Carnet a2 : commencé le 20 mars 1915 ; achevé le 2 octobre 1949 par le compte-rendu d’une excursion.

VI- 2 carnets relatifs vie des appelous durant guerre 14-18

          M. Albert Boissier fils avait remis à la Société d’Histoire de Firminy deux autres carnets relatifs à la vie à Firminy durant la Grande Guerre. Ces carnets ont donné lieu à l’ouvrage Un apelou témoigne. La vie à Firminy 1914-1918 (s. d.), ouvrage édité et annoté par la Société d’Histoire de Firminy.

VII- Petit cahier (25 feuillets) relatif au parler populaire

        
        Patrice Benvenuto a fait de larges emprunts à ce cahier dans sa publication  Le Parler de la vallée de l’Ondaine (2011).

VIII- 3 petits cahiers relatifs au parler « patois »

      Un « 1er cahier » contient une grande partie de ce qu’Albert Boissier  avait collecté en « patois », et que l’on retrouve, pêle-mêle, dans les carnets antérieurs. 
      Un « 2e cahier » (mentionné plus haut) contient donc deux textes versifiés d’Albert Boissier (ADL, J 7 1).
       Un « 3e cahier » (également mentionné plus haut) comporte la version manuscrite complète (« conventions pour la lecture du patois » + texte + traduction + éclaircissements) de « La Plenta dau vielh clocheir » ainsi que l’imprimé relatif au « Chant des Apelous » (ADL, J 7 17).

IX- Poésies patoises et françaises

         Nous citons les poèmes que nous connaissons sans avoir conduit des recherches systématiques sur le sujet. Il est vraisemblable qu’Albert Boissier a composé d’autres pièces -tant patoises que françaises- qui n’ont fait l’objet d’aucune publication.

- Poèsies patoises

         Jean-Yves Rideau a reproduit 3 poésies : « La Plenta dau vielh clocheir » (à partir du texte du « Fonds Albert Boissier » de la Société d’Histoire de Firminy) ; « Aux Zefans de Frouminio » et  « A netroun vesi de vè mounistreau ». Cette dernière poésie obtint le premier prix aux félibrées patoises de Monistrol qui se déroulèrent les 14 et 15 juillet 1934 (cf. article de « La Région Illustrée » de juillet 1934 ; par ailleurs, en 1933, le 16 juillet était un dimanche). Le « Bab » qui s’est efforcé d’inventorier les écrits se son père a parfois commis quelques erreurs. 
       D’autre part, « Aux Zefans de Frouminio » n’est pas d’Albert Boissier. En effet, en marge de cette poésie patoise (« 7 J 1 » ADL), Albert Boissier a noté : Ce N° de Firminy-Cavalcade m’a été communiqué le 17 février 1932 par M. Claudinon, concierge du cimetière de Firminy. J’ignorais l’existence de ce journal jusqu’à ce jour. Il s’agit du numéro unique « Firminy-Cavalcade » du Dimanche 14 mai 1893 (trois ans avant l’arrivée d’Albert Boissier à Firminy) que les rédacteurs qualifiaient d’« organe officiel de la Fête de Bienfaisance, Parti Politique, Diurétique, Pamphlétaire et pas Millionnaire. Administration et Rédaction : Angles des Rues de la Bienfaisance et de la Charité » ( !). Albert Boissier qui a reproduit ce texte l’année suivante dans « La République du Mas » a changé la signature (« Apelou devai le Mâs » au lieu de « A-C Appelou ») tout en supprimant, à deux reprises, un « p » à « appelou ». 
       Albert Boissier est le seul écrivain régional qui écrit « apelou » (après avoir validé l’étymologie « pelou » = peau) avec un seul « p ». C’est sans doute cette orthographe qui a induit Albert Boissier fils -et nous-même à sa suite- en erreur. Nous avons déjà dit qu’un des rares reproches que nous avons formulé à l’égard d’Albert Boissier est d’avoir -au nom de l’étymologie patoise- supprimé un « p » à « appelou ». C’est une grande folie que d’aller contre l’usage disait déjà Montaigne !

- Poésies françaises

           On citera tout d’abord deux importantes contributions : 1) Le Poème de l’Acier qui comprend 4 parties : « La Fonderie ». « L’Arracheur ». « Le Creuset ». « L’Acier ». 2) Le Camp d’Antouno qui comprend également 4 parties : « Le Val de Loire ». « Le Camp d’Antouno ». « L’Obsédant Inconnu ». « Fraternité Humaine ».
         Relevons encore :

A la ville de Firminy (« La Vallée de l’Ondaine » in « La Région Illustrée ») Le Poème du Vieux Manoir (« Cornillon et son site » in « La Région Illustrée ») - Poèmes chantés Chant des Apelous (Imprimé) (Paroles d’A. Boissier ; Musique de Cl. Racodon) Firminy. Chœur des Appelous (Feuille manuscrite isolée).

X- Nombreuses notes manuscrites isolées

      Nous avons antérieurement cité quelques « Notes manuscrites isolées » que nous avons nous-même utilisées (voir en particulier « Croyances et Tradition », p. 275 et « Les Travaux et les jours », p. 224) mais sans nullement chercher à dresser un inventaire de ces notes composites. En effet, le plus grand nombre  de ces très nombreuses  notes (simples copies d’’ouvrages divers ; prise sur le vif d’informations ultérieurement reproduites dans des articles ; compilations de références diverses, etc.) montre la manière de procéder de l’écrivain et son souci d’économie puisqu’il utilisait souvent du papier de récupération (réclame ; feuilles de carnets ; recyclage de documents administratifs ; papier d’emballage, etc.). 
            Compte-tenu du fait que nous n’avons pas connaissance de beaucoup de notes isolées que M. Albert Boissier fils a sans doute remis à la Société d’Histoire de Firminy ou conservés lui-même, nous ne procéderons donc pas à un impossible et fastidieux inventaire et cela d’autant plus que nous n’avons pas utilisé toutes les notes dont nous disposions. Voir néanmoins Les surnoms à Firminy et dans la région » (notes d’Albert Boissier)  (in « Les surnoms des vieilles familles d’Unieux »).
      En effet, ces notes sont très hétérogènes. Les unes ne constituent que de simples copies d’ouvrages ou de références livresques. Beaucoup ont été reprises dans tel ou tel article. Certaines apportent des renseignements ponctuels. Ainsi, sous l’intitulé « Vieux papiers », on lit : Chez Mathieu Fournier, un procès verbal de la Commission syndicale créée en vue de la désunion de la localité de Malvalette de la commune de Bas.

XI- Fichier, Cartes et Plans

        Sans revenir sur l’ensemble des notes déposées aux ADL et sur l’ « Important et volumineux fichier des noms de lieux et de Patronymes » (ADL, J 7 1), rappelons qu’Albert Boissier avait également rédigé de très nombreuses petites fiches (peut-être conservées par la Société d’Histoire de Firminy) qui comportaient des renseignements divers (« lieux existants » ; « souvenirs historiques », etc.).  Par ailleurs, de nombreuses feuilles -plus ou moins éparses- détachées de petits carnets, constituaient un « Fichier thématique » (cf. « Farces des Chambonnaires » ; Farces de Putain d’Ane », etc.).
         A ces fichiers s’ajoutait un « Nombre impressionnant de cartes, de dessins, de croquis et de plans » touchant à toutes sortes de domaines (anciens chemins ; voies et routes diverses ; puits de mine ; vieux moulins ; anciens bâtiments ; curiosités diverses, etc., etc.).

XII- Publications à partir d’écrits d’A. Boissier

        Ajoutons que Marcel Bruchet a publié Firminy et ses environs (tome III, 1991) en procédant à une sélection de notes (parues dans des revues régionales) d’Albert Boissier.
         Nous-même avons publié Sur les traces d’Albert Boissier dans l’ancien baillage de Saint-Ferréol (1993) à partir de notes figurant aussi bien dans différentes revues, dans des monographies manuscrites que sur des feuilles isolées ainsi que Promenades historiques et gastronomiques (s. d.). Enfin, nous avons donné un catalogue Le petit monde de M. Boissier (s. d.) à l’occasion de l’exposition présentée par nos soins à la Maison de la Culture de Firminy où les visiteurs découvrirent plusieurs curiosités mentionnées par Albert Boissier.

Remarques subsidiaires

         On constate qu’il reste encore bien des choses à découvrir -sans parler de son œuvre photographique- sur Albert Boissier. Observons que nous n’avons pas eu le temps de contrôler toutes les informations fournies par M. Albert Boissier fils. Ainsi, apprenant que les ADL disposaient de la série quasi complète du journal hebdomadaire « L’Eclaireur » (dont Albert Boissier fut un des correspondants entre 1897 et 1918), nous avons constaté que le lexique « Le patois pittoresque » (communiqué par M. Albert Boissier fils) ne correspondait pas à l’ordre des 12 articles successivement publiés entre le 3 septembre et le 24 décembre 1910. Ayant déjà donné l’ouvrage à l’impression, nous n’avons pas eu le temps de publier ce lexique dans son ordre originel. Par ailleurs, il conviendrait également de faire le point sur les articles intitulés « Au Pays Appelou. Vieilles légendes … ». Ces articles parus dans « L’Eclaireur » à partir du 11 janvier 1912 paraissent être, au moins, au nombre de quatre.  
        Avec le recul du temps, nous regrettons, de n’avoir pas retranscrit intégralement -dans notre premier volume- ces longs articles parus dans « L’Eclaireur » qui traitaient des anciennes croyances et apportaient de précieuses informations correspondant parfaitement à l’esprit de ce volume. En effet, alors que nous avions privilégié -sans doute à bon escient- les notes consignées sur le vif, la citation in extenso (dans des notes correspondantes) des articles les plus pertinents d’un point de vue « folklorique », n’eût pas été superflue. 
         Notons, par ailleurs, que l’article  « Choses d’autrefois » du 15 Mai 1912 (« Forez-Auvergne-Vivarais ») est consacré à la narration du conte de « Plampougny » recueilli par Albert Boissier qui prend soin de formuler des remarques pertinentes :
      Ces choses que nos aïeux se racontaient pendant les soirées d’hiver ou qu’on se transmettait par tradition, se modifiaient et même se défiguraient un peu en passant de bouche en bouche. J’ai pensé qu’il était bon tout de même de les conserver dans la forme propre à nos régions, avec leurs erreurs, voire même leurs inexactitudes éventuelles …
      Il est hors de doute que cette histoire (de Plampougny), comme toutes celles que je dois rapporter ici, gagneraient énormément à être reproduites en langue vulgaire (patois), car on pourrait leur conserver ainsi leur aspect particulier et certaines expressions difficiles à rendre en français.
    
      Jean-Yves Rideau a donné une variante de ce conte, « le Plen-Pougnet » -en patois occitan d’Usson-en-Forez- publiée par Louis-Pierre Gras (« Dictionnaire du patois forézien », 1863). On distinguera -à quelques kilomètres seulement- ce patois « déjà auvergnat » de celui du poète-paysan Claudius Javelle que Marguerite Gonon qualifie de « provençal » (cf. « Lou Poèmes daoù païsan »). 
     Voir également « Prempougni » in Contes et Légendes de La Haute-Loire (1947) d’Ulysse Rouchon qui -comme à son habitude- n’a pas donné les références adéquates. Notons que ce thème du « Petit Poucet » (AT 327 B in « Aarne-Thompson ») n’apparaît pas dans le répertoire de Nanette Lévèque. La tardive immersion de la conteuse dans la région de Firminy peut expliquer cette absence.
     Une nouvelle fois, il convient de souligner la manne d’informations que l’on trouve dans les anciens journaux locaux et régionaux. Ainsi, Albert Boissier avait découpé (carnet E, n°95) un article rédigé en patois -« La Yoessi et la Bêssi »- rédigé par « Lou Tsienou ».
    Quant à l’article (supposé) de novembre 1910, nous avions prévu de l’intégrer à ce dernier volume dans la mesure où il contenait le déjà-là d’un lexique (lettres A et B) dont on peut se demander si Albert Boissier  en a poursuivi la rédaction. 
      Dans un autre ouvrage, nous avons évoqué un problème spécifique aux langues régionales qui tient au caractère « parlé » de celles-ci. De ce fait, certains charmes -admettant à l’occasion les grossièretés les plus carabinées- ne ressortissent pas de l’écrit. Ainsi, voulant mettre en exergue la différence de prononciation entre le patois de Firminy et celui de la Haute-Loire -« s » et « ch »-  Albert Boissier rapporte l’anecdote selon laquelle Putain d’Ane ayant demandé à une vendeuse de fromages d’où elle était (« D’an sià feno ») et qui lui répondit : « Chiooù de vè Retournac et voù d’an chià », s’esclaffa : « Me ! ô chïou d’ô thioou ! ».